Moravie

Enfant, le concept de quelque chose de définitif est encore un peu flou. J’avais donc formulé vers l’âge de 5 ans l’expression de l’aspect définitif de la mort par le terme “mort à vie”. Autrement dit pour toujours. Aujourd’hui, il me revient cette formulation qui me rappelle que, même quelques années plus tard, l’aspect définitif de la mort d’une personne chère demeure encore bien flou.

Durant ces vacances d’été 2024, là où la mort, l’amour et la vie ont vécu comme des colocataires turbulentes dans un espace-temps normand particulièrement perturbé, la photographie s’est à nouveau imposée pour y voir plus net. Dans ce tumulte, il me fallait saisir la réalité vraie, la banalité poussée à l’extrême, dans ce qu’elle sait faire de mieux, s’émerveiller de tout et revenir au combat, comme un antalgique pour s’échapper le temps d’une pose, de cette triste farce. Presqu’un remède.

Fatalement, rien n’aura été suffisant pour sauver mon père, la maladie s’était trop invitée chez nous, dans notre famille si prospère. Mais j’ai pu précieusement prendre tous ces cadeaux : ces derniers moments, avec la famille, avec les amis, avec la douceur. Comme cette ultime photo prise maladroitement par mon père : celle d’un fils qui accompagne son père, il en demeurera la douceur en héritage et le contrat déjà rempli d’être heureux, à vie.

Attention, certaines photographies peuvent heurter la sensibilité.

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